samedi 26 avril 2014

Donner du sens

"Ne juge pas la journée en fonction de la récolte du soir mais d’après les graines que tu as semées."

L'offrande lyrique


I
 Tu m’as fait infini, tel est ton plaisir. Ce frêle calice tu l’épuises sans cesse et le remplis sans cesse à neuf de fraîche vie.
Cette petite flûte de roseau, tu l’as emportée par les collines et les vallées et tu as soufflé, au travers, des mélodies éternellement neuves.
À l’immortel toucher de tes mains, mon cœur joyeux échappe ses limites et se répand en ineffables épanchements.
Tes dons infinis, je n’ai que mes étroites mains pour m’en saisir. Mais les âges passent et encore tu verses et toujours il reste de la place à remplir.

II
 Quand tu m’ordonnes de chanter, il semble que mon cœur doive crever d’orgueil ; et je regarde vers ta face, et des pleurs me viennent aux yeux.
Tout le rauque et le dissonant de ma vie fond en une seule suave harmonie — et mon adoration éploie les ailes comme un joyeux oiseau dans sa fuite à travers la mer.
Je sais que tu prends plaisir à mon chant. Je sais que, comme un chanteur seulement, je suis admis en ta présence.
Mon chant largement éployé touche de l’extrémité de son aile tes pieds que je désespérais d’atteindre.
Ivre de cette joie du chanter, je m’oublie moi-même et je t’appelle ami, toi qui es mon Seigneur.

III

Mais comment toi tu chantes. Maître, je l’ignore ! Et j’écoute toujours dans l’éblouissement silencieux.
La lumière de ta musique illumine le monde. Le vital souffle de ta musique roule de ciel en ciel.
Le flot sacré de ta musique à travers les digues de pierre se fait jour et se précipite.
Mon cœur aspire à se joindre à ton chant, mais s’efforce en vain vers la voix. Je parlerais... Mais aucun chant ne se forme de mon langage et je me lamente confus. Ah ! tu as fait mon cœur captif, Maître, dans les lacs infinis de ta musique.

 IV
 Vie de ma vie, toujours j’essaierai de garder mon corps pur, sachant que sur chacun de mes membres repose ton vivant toucher.
Toujours j’essaierai de garder de toute fausseté mes pensées, sachant que tu es cette vérité qui éveille la lumière de la raison dans mon esprit.
Toujours j’essaierai d’écarter toute méchanceté de mon cœur et de maintenir en fleur mon amour, sachant que tu as ta demeure dans le secret autel de mon cœur.
Et ce sera mon effort de te révéler dans mes actes, sachant que c’est ton pouvoir qui me donne force pour agir.

V
 Je te demande en grâce, permets qu’un instant je me repose à tes côtés. Les œuvres que j’ai entreprises, je les finirai par la suite.
Privé de la vue de ta face, mon cœur ne connaît ni repos, ni répit, et mon labeur n’est plus qu’une peine infinie dans un illimité désert de peine.
Aujourd’hui l’été est venu à ma fenêtre avec ses murmures et ses soupirs et les abeilles empressées font la cour au bosquet fleuri.
Voici l’heure de la quiétude et de chanter, face à face avec toi, la consécration de ma vie, dans le silence de ce surabondant loisir.

VI
 Cueille cette frêle fleur, prends-la vite! De crainte qu’elle ne se fane et ne s’effeuille dans la poussière.
S’il n’y a point place pour elle dans ta guirlande, fais-lui pourtant l’honneur du contact douloureux de ta main ; cueille-la.
Je crains que le jour ne s’achève avant que je ne m’en doute et que le temps de l’offertoire ne soit passé.
Bien que sa couleur soit discrète et que timide soit sa senteur, prends cette fleur à ton service et cueille-la tandis qu’il en est temps.

VII
 Mon chant a dépouillé ses parures. Je n’y mets plus d’orgueil.
Les ornements gêneraient notre union ; ils s’interposeraient entre nous, et le bruit de leur froissement viendrait à couvrir tes murmures.
Ma vanité de poète meurt de honte à ta vue. Ô Maître-Poète ! je me suis assis à tes pieds. Que seulement je fasse de ma vie une chose simple et droite, pareille à une flûte de roseau que tu puisses emplir de musique.

lundi 7 avril 2014

Le Chemin du pays où rien n'est impossible

C'est moi qui ai choisi ce chemin difficile.
Aujourd'hui je m'arrête à deux pas du ravin
À regarder le vide avec un air tranquille,
Et si je n'ai pas peur, c'est de tenir ta main.
Je n'ai plus qu'à marcher vers l'étape suivante
En mettant tout mon coeur à trouver le sentier
De plus en plus étroit, de plus en plus en pente,
Et qui déjà serpente au milieu de l'été.

Tu m'as tenu la main jusqu'à ce coin tranquille
Où nous avons posé nos valises et nos coeurs.
Il me faut repartir vers les rues de la ville
Et porter des nouvelles au miroir du bonheur.
J'en ai rempli ma vie depuis que tu existes,
Et j'ai tari mes larmes au creux de ton regard.
J'ai découvert la peur de t'avoir rendue triste
Et l'infinie fierté de te rendre l'espoir.

Me revoilà debout, je marche, je décolle
Et je plane au dessus des fenêtres allumées,
Des cheminées qui fument et des préaux d'école,
Et déjà ma raison s'endort à poings fermés.
Un paysage entier couvert de feuilles mortes
Avec une barrière dans une forêt,
Quatre maisons de planches où s'ouvrent quatre portes,
Au dedans la pénombre a gardé son secret.

Des voix qui se répondent, étouffées par l'automne,
En un concert bizarre où les cris des oiseaux,
Tous les secrets échos dont la forêt résonne
Ont mêlé leur silence au murmure de l'eau.
Si je traverse encore les secrets de la bible
Et l'écorce du temps jusqu'au coeur de la vie,
J'irai jusqu'au pays où rien n'est impossible,
Et j'en rapporterai ce qui te manque ici.
Et j'en rapporterai ce qui te manque ici.

samedi 5 avril 2014

Le Prophète



Un monument de poésie et d'idées édifiantes...

Déférence

« Mon chant a dépouillé ses parures. Je n’y mets plus d’orgueil. Les ornements gêneraient notre union ; ils s’interposeraient entre nous, et le bruit de leur froissement viendrait à couvrir tes murmures. »